Attentats de Paris : la neutralisation slovaque en cause

dimanche 22 février 2015, par Hadrien NEUMAYER

Les tragiques événements ayant secoué la France et le monde début janvier remettent une fois plus sur le tapis la question des armes et leurs possesseurs dans le box des accusés.

"Vu le bordel ambiant, vous vous êtes faits sucrer votre décret d’application sous le nez [...] au moins le temps que ça se calme."

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Il est démontré que les armes proviennent de la région des Balkans. Nous le savions déjà mais c’est toujours bon que cela soit répété.

C’est ce qu’un ami juge d’instruction m’a confié quelques temps après les attentats de Paris.
Force est de reconnaître qu’il avait sans doute raison, le monde des amateurs d’armes est rentré en stase à l’annonce de la barbarie qui a touché le monde journalistique et policier. De nombreux tireurs ont eu peur, ont douté, parfois inconsidérément.

Depuis des années, nous nous efforçons de faire reconnaître le sérieux des neutralisations d’armes dans la plupart des pays européens (voir cet article de M. Buigné, en ligne, la Gazette des armes n°410, le numéro 355 d’Action...).
Pourtant, il faut reconnaitre que la neutralisation n’est pas aussi efficace dans tous les pays européens la pratiquant.
Récemment, un article paru sur Euronews.com faisait état de la situation des armes neutralisées en Slovaquie, et le constat est assez pitoyable.
Nous connaissions les provenances les plus classiques d’armes illégales, anciens stocks militaires pour la majorité, d’ex URSS, Lybie (les fuites s’étant produites à la chute du dictateur Mouammar Kadhafi), Irak (guerre Iran-Irak), empruntant divers parcours, des pays de l’Est à l’Espagne.
Voilà maintenant que des pays de l’espace Schengen deviennent des supermarchés pour terroristes de plus en plus connus !

Les amateurs éclairés savent depuis longtemps que la Slovaquie, pays relativement dépourvu de tradition armurière en regard du géant tchèque voisin, est un peu faiblarde en matière de législation sur les armes.
Eldorado ! diront certains. De notre côté, nous ne sommes pas favorables à un libéralisme absolu en matière d’armement. Il est évident que des règles doivent être établies. Plus intelligemment qu’en France par exemple, mais certainement plus fermement que dans le cas Slovaque.

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600000 Kalach sont dans la nature et parviennent petit à petit en Europe occidentale en traversant 5 frontières.

C’est bien sûr un risque considérable pour la sécurité des nations, mais là n’est pas la question. Personne n’ignore le problème. En revanche, une fois de plus, ce cas pourrait mener à une chasse aux sorcières visant les amateurs légitimes d’armes, tireurs bien sûr (les plus gros amateurs de catégories sensibles comme la B), mais aussi chasseurs et enfin collectionneurs. Ces derniers, c’est bien connu, sont des terroristes en puissance, le Chassepot ayant une capacité meurtrière avérée !

Bien entendu, j’ironise, comme Jean-Jacques Buigné le dit assez souvent à qui veut l’entendre, aucun malfrat n’ira se ridiculiser avec une vieillerie comme on peut en trouver dans nos collections.
Même si, de temps à autre, les responsables de l’administration font preuve de bon sens,à l’image du directeur adjoint de la PJ, force est de constater que nous sommes souvent victimes des bavures les plus invraisemblables (voir Gazette des Armes n°473 de Mars 2015 et l’histoire scandaleuse d’un collectionneur perquisitionné sans ménagement).
En discutant avec quelques avocats, juges et policiers de tous bords, systématiquement, les réactions sont les mêmes : "si ce n’était du domaine des armes, ça ne se passerait pas comme ça.", "la presse entière crierait au scandale et à la bavure pour n’importe quoi d’autre", "l’Europe a tendance à normaliser le droit, mais en matière d’armes... C’est compliqué."

Force est de constater que le petit monde des amateurs légitimes d’un fantastique patrimoine industriel et armurier dérange énormément...
Et au vu de l’actualité, ça ne risque pas de s’arranger.