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La neutralisation en question.

Est-il facile de remettre en état une arme neutralisée ?

dimanche 28 avril 2013, par Jean-Jacques BUIGNE membre du CA de la FPVA


A propos de l’affaire de Istres (notre article) les journalistes nous demandent s’il est facile de remettre en état une arme neutralisé. Nous tentons donc de répondre avec honnêteté à ce problème.

Les nouvelles du dimanche 27 avril 2013 semblent confirmer qu’il a acheté les pièces détachées sur Internet.


Certaines armes neutralisées en Espagne sont un peu "légères", elle ont juste la chambre ouverte par un fraisage. Tout le reste est intact : culasse, éjecteur, chargeur. Pour remettre en état les PM, il faut se procurer un tube rayé non chambré du calibre approprié (non chambré, c’est en vente libre) et de le faire usiner et chambrer. Les fraises sont en vente libre : ce sont de simples outils mais il faut avoir dans ses relations un tourneur bien équipé et complaisant.
Nous avons constaté ce problème sur des PM et des PA venant d’Espagne, mais jamais des Kalashnikov.

Pour les Kalashnikov, c’est un peu plus délicat car le canon est fretté dans la carcasse et il faut beaucoup insister pour le sortir. Ensuite il ne reste plus qu’à acheter un tube de calibre .311, on le fait chambrer, on fait percer un évent et on le remonte. Bien entendu, il faut également acheter des munitions et des chargeurs.

Cela commence à devenir bien compliqué !

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La tête de culasse d’un PPSH, percuteur coupé et canal bouché avec de la soudure auto-trempante.

Les neutralisations autrichiennes et allemandes sont plus difficiles à remettre en état car la culasse est détruite par la neutralisation et il faut avoir une filière pour s’en procurer une. Les armes sont indémontables. De plus, en Allemagne, le mécanisme de détente est soudé. Certes, on peut trouver des pièces mais cela complique pas mal l’opération.
On peut aussi refaire intégralement la tête de culasse en apportant du métal par soudure puis en usinant le tout pour refaire une culasse. Il faut aussi refaire l’extracteur et le percuteur. Cela demande un vrai talent de mécanicien et du matériel. Mais avec du talent et du matériel, on peut tout remettre en état ou même fabriquer une arme de A à Z.

Il est plus simple d’acheter des pièces neuves (pratique interdite) ce qui revient à acheter une arme neuve.

Dans les années 70 aux USA, des auteurs, inspirés par le mouvement survivaliste américain prévoyant la guerre nucléaire suivie d’une période de retour à la sauvagerie totale avait publié les plans d’un petit PM inspiré de la Sten anglaise, que n’importe quel bricoleur pouvait réaliser dans son atelier. Mais c’était un peu sommaire et n’avait pas la qualité du Kalashnikov.

Les neutralisations allemandes et autrichiennes sont presque équivalentes à ce que réalise St Etienne seul l’éjecteur n’est pas touché (sur une Kalachnikov, c’est une pièce difficile à remplacer) et le chargeur n’est pas meulé. On dit même que la neutralisation Allemande est encore plus destructive que celle de St Etienne, mais elle est laide et transforme l’arme en une espèce de ferraille qui n’a plus aucun intérêt pour le collectionneur.

- Exemple d’une Sten neutralisée en Allemagne

Vous remarquerez la quatrième photo (dans le lien) montrant l’intérieur du boîtier. On distingue nettement l’éjecteur non coupé. De cette façon on sait que, pour qui dispose d’un canon et d’une culasse de rechange, la remise en état est très façile.

Mais la Sten, c’est déjà de l’histoire ancienne : cela ne fait pas rêver les mythomanes seulement quelques papys qui ont peint les lettres FFI et la croix de lorraine sur leur traction avant.

Comment cela est il possible ?

On peut s’étonner qu’un adolescent boutonneux passant sa journée devant des jeux vidéos ait eu la possibilité de remettre en état une Kalachnikov. Soit, il avait une formation au moins élémentaire d’ajusteur et de tourneur et il avait accès aux machines outils correspondantes, soit il acheté une arme préalablement remise en état par un spécialiste de ce genre de "restauration" qui a le savoir-faire, le matériel et les contacts pour se procurer les pièces de rechange.
Le procureur adjoint d’Aix-en-Provence affirme : "C’est bien par le biais d’Internet qu’il a acquis l’arme et les éléments qui lui ont permis de la remilitariser". Dans ce cas, il est probable que l’arme avait été "sommairement" neutralisée. Et que des pièces illégales en France, ont été achetées à l’étranger par Internet.

La solution : que toutes les armes automatiques soient neutralisées selon le principe du Banc d’Epreuve de St Etienne qui est le plus fiable et qui ne permettrait pas ce genre de remise en état.

A noter que ce sont les armes ultra-modernes qui sont en cause.
Aucun mytho-schyzo n’ira se ridiculiser avec une Thompson ou une MP 40.

La loi ne résous rien !
Les armes automatiques sont interdites ce qui prouve que la loi ne peut rien contre la délinquance : dépasser les vitesses limitées ou téléphoner avec un portable est également interdit par la loi hors les infractions sont constatées tous les jours !

Le tireur d’Istres était déjà l’objet d’une condamnation de 5 ans fermes de prison pour port d’arme prohibée, mais chez lui en liberté avec un bracelet électronique, peut être qu’ici, ce type de procédé montre ses limites ?

Il n’est pas de notre mission de dire d’ou vient la Kalashnikov utilisée à Istres. Mais nous aimerions bien le savoir.
Il est évident qu’il est urgent d’harmoniser les neutralisations européennes de façon à ce qu’elle présentent toutes le mêmes garanties que celles de St Etienne. Lorsque en 2001 nous avions été consultés par le Commission de Bruxelles, nous avions déjà cette position.

Bien que très imprécise l’AK 47 (en semi-automatique) intéresse le tireur sportif qui pratique avec le TAR pour le plaisir de tirer. L’arme est bon marché et les munitions sont d’un coût modique.
Il reste simplement à empêcher que du "matériel" vienne de l’Est, illégalement, en Etat de tir. Ainsi le chasseur, tireur ou collectionneur respectueux des loi ne serait plus confondu avec ceux qui sont sans foi ni loi !





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