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L’évolution de l’artillerie

samedi 30 septembre 2017


L’apparition de l’artillerie est un des évènements majeurs de l’histoire militaire. Dès la haute Antiquité, le développement des villes fortifiées oblige les assaillants à se doter de moyens leur permettant d’abattre les murailles adverses. La création d’une brèche dans la muraille était donc la vocation première de l’artillerie mais l’envoi de projectiles enflammés pour incendier la ville était aussi pratiqué pour amener la capitulation de la ville.


La nature de l’artillerie utilisée dans l’Antiquité et au Moyen Âge est variée. Catapultes, onagres, balistes, trébuchets, ces engins puisent leur puissance soit dans un mécanisme de torsion (la catapulte), soit dans un mécanisme de contrepoids (le trébuchet). De même, la nature des projectiles utilisés est extrêmement diversifiée. Pierres, rochers, boulets cerclés de fer, traits, tonneaux emplis de matière enflammée, la nature de ce que les défenseurs prenaient sur la tête (ou envoyaient eux-mêmes sur leurs agresseurs) est édifiante. Cependant, cette "artillerie" montre des performances limitées. L’énergie cinétique des projectiles est rarement suffisante pour causer des dommages critiques aux défenses et sa capacité à tuer des défenseurs demeure faible. En outre, la précision est généralement faible et la notion de bombardement est encore fortement tempérée par la chance. Jusqu’au XIVème siècle, les techniques de sape ou de mines, les machines d’assaut (tours, béliers etc.) et les échelles demeurent des moyens au moins aussi efficaces d’emporter la décision.

La première utilisation d’armes à feu au combat est attestée lors de la bataille de Crécy (1346) où elles n’ont strictement aucun effet hormis le bruit étourdissant qu’elles produisent.
La technique de construction des bombardes tâtonne jusqu’à l’adoption du bronze. Ce dernier présente des qualités d’élasticité bien supérieure à la fonte (qui est-elle cassante) ou au fer (trop dur donc difficile à usiner). En revanche, s’agissant des boulets, le fer l’emporte rapidement sur la pierre (qui se casse). Ce sont les frères Bureau qui généralisent l’usage des boulets métalliques, après 1400, et qui vont organiser et structurer l’artillerie française. C’est généralement à l’efficacité de cette dernière que l’on attribue la victoire française à l’issue de la Guerre de Cent Ans. La bombarde demeure cependant fixe, lourde (2 à 3 tonnes) et d’un emploi périlleux.

Avec l’apparition de l’attelage et l’allègement de la pièce, le canon est doté de mobilité qui va permettre son utilisation en rase-campagne et plus seulement lors des sièges. En outre, la standardisation des calibres des boulets et des canons permet une fabrication en masse et la constitution d’un parc d’artillerie facilement ravitaillable. La poudre peut aussi être stockée dans des quantités pré-dosées adaptées au calibre du canon. L’artillerie devient une réalité sur le champ de bataille et c’est Charles VII (ordonnances de 1445-1448) qui dote la France de la première artillerie européenne. Un certain nombre de réformes successives interviennent jusqu’à la Révolution se traduisant par des tentatives plus ou moins réussies de réduire le nombre de calibre et de normaliser les matériels.

Gribeauval réorganise l’artillerie française en diminuant encore le nombre de calibres et en répartissant les pièces entre "campagne" (groupe auquel appartient ce canon de 12) et "siège" ou "de place". Mais il standardise surtout la production des tubes et des affûts, il améliore le chargement de la pièce par l’usage d’une munition encartouchée qui augmente la cadence de tir et il renforce la mobilité de la pièce (en l’allégeant et la dotant d’une prolonge qui permet le tir sans dételer). Enfin, le pointage est grandement amélioré (donc la précision) par l’utilisation d’une vis réglant l’élévation du tube.
Il le fait avec tant de succès que le système Gribeauval appuiera le succès des armes françaises sous la Révolution, sous l’Empire et jusqu’en 1827 (introduction du système Vallée).

Mais l’évolution ne s’’arrête pas là, et tout au long du XIXème siècle apparaissent des inventions qui vont révolutionner l’artillerie. C’est ainsi, qu’est inventé le canon rayé et le chargement par la culasse. Le fût du canon est équipé de fines rayures qui obligent l’obus (de forme oblongue et non plus sphérique comme le boulet) à tourner sur lui-même lors du coup de départ, acquérant ainsi une vitesse initiale beaucoup plus grande (325 m/s). La portée, la précision et la cadence de tir du canon s’en trouvent améliorées par ces deux inventions.

Les deux guerres mondiales du XXème siècle apporteront elles aussi leur lot d’inventions caractérisées par une augmentation des calibres, de la force cinétique et de la puissance de feu en général.

Aujourd’hui, l’évolution se caractérise par l’apparition de canons qui n’utilisent de poudre, mais la force électromagnétique, et qui propulsent leur obus à des vitesses supersoniques sur des distances encore jusque-là jamais atteinte.





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